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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
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apprentis pendant huit années; l'autre interdisant le travail de nuit et les ouvrages cousus.
Pour que ces ouvriers de haute lice fussent en mesure de traiter sur un pied d'égalité avec les sarrasinois, il fallait que leur industrie existât depuis quelque temps déjà et comptât de nombreux adhérents. En effet, si dix ouvriers de haute lice seulement paraissent dans l'acte d'accord, ils ont bien soin de spécifier qu'ils traitent non seulement pour eux, mais pour les autres ouvriers « tout le commun » du mème métier. Bien qu'il soit impossible d'évaluer même approximativement le nombre de ces tapissiers parisiens travaillant en haute lice vers 1303, il est permis de conclure des termes de l'acte en question que l'introduction de ce procédé de fabrication à Paris remonterait à une époque sensiblement plus ancienne.
Les tapissiers « qué l'on appelle ouvriers en la haute lice » auront d'abord végété modestement à l'ombre de quelque corporation puissante, probablement celle des sarrasinois. Ils se sont peu à peu développés grâce à cette assistance, pour s'organiser ensuite et réclamer enfin leur droit au travail et à la protection de l'autorité dès qu'ils se sentirent assez forts pour secouer la tutelle de leurs aînés. Il a fallu un certain temps pour que cette évolution s'accomplit; aussi n'est-il pas téméraire de supposer que les tapissiers de haute lice travaillaient à Paris un demi siècle peut-être avant que leur existence fût officiellement constatée dans l'acte de 1303.
Nous avons insisté longuement sur cette pièce parce que c'est le plus ancien texte authentique où le mot de haute lice soit prononcé, où l'existence de cette industrie soit authenttquement reconnue. A partir de 1303, les mentions de tapissiers et de tapisseries de haute lice vont devenir de plus en plus fréquentes, et nous rappellerons une fois pour toutes que, si nous n'en possédons pas de plus nombreuses et, de plus anciennes, cette pénurie tient uniquement à l'absence de textes. En effet, la plupart des séries d'archives qui nous renseignent sur les industries du moyen âge ne remontent pas plus haut que le milieu ou même la dernière moitié du xiv° siècle. Ainsi il existe fort peu de comptes royaux ou princiers antérieurs à 1320; et les inventaires, d'ailleurs fort rares, du xiii0 siècle, sont d'une concision, d'une sécheresse, qui diminuent, singulièrement leur intérêt et leur utilité.
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